Trois Fois Rien

A propos >> J'aime toujours assez celle-ci, parce qu'elle arrive encore à me rendre mal à l'aise. Je donnerais beaucoup pour arriver à réécrire des textes aussi décomplexés et spontanés. Ca donne une certaine puissance que j'ai perdue.

C’est rien, tu sais. Ça arrive. Personne ne le saura, parce qu’au fond, tout le monde s’en fout. Ce que tu as fait, des millions de gens l’ont fait avant toi, si bien que l’acte en lui-même est devenu moins atroce, plus acceptable, tout à fait habituel. Maintenant, on peut l’avouer au milieu d’une foule sans que personne ne s’arrête. Tu pourrais l’annoncer à la mère du concerné sans qu’elle ne s’émeuve. C’est pas grave. C’est quelque chose que tout le monde fait, et le plus étrange serait de ne pas le faire. La seule chose pour laquelle tu peux pleurer, c’est d’avoir cru qu’en le faisant tu deviendrais différente. Peut-être as-tu cru que de cette façon tout le monde te détesterait comme tu te détestes, mais ce n’était qu’une illusion. Certains même t’aimeront plus qu’avant. Mais en général, tu resteras l’être transparent, le fantôme, tout juste un esprit torturé que tu étais. Rien n’a changé. Sèche tes larmes si tu crois que c’est le cas, soit plus désespérée encore si tu crois au changement. Avec le temps, tu aurais dû comprendre : les rêves restent des rêves, les illusions aussi. Qu’il aurait été agréable de se sentir connu pour son inhumanité, n’est-ce pas ? Savoir qu’aux quatre coins du monde, on murmurerait ton nom avec honte ? Eh bien non. Sèche tes larmes, car ce monde n’existe pas. Et il n’a jamais existé. Tout le monde se moque de toi, et de la personne que tu as blessée, que tu as condamné, que tu as fait souffrir avec une violence dont personne ne se rappellera. C’est ainsi. Mords-toi les doigts de condamner seulement ton esprit, d’être toujours aussi vide. Tu n’es pas entière, et tu ne le seras jamais, tu sais. Tu te sens juste encore plus sale, encore plus atroce que le reste du monde, mais une fois encore, c’est une illusion. Tu es sûrement la plus humaine de ce monde, si on considère qu’être humain c’est être différent du reste du monde. Oui, sûrement tu l’es, et c’est pour ça que tu souffres d’avoir fait ce que tu as fait. Et c’est aussi pour cette raison que jamais quiconque ne retiendra ton nom : les hommes ne t’aiment pas, vraiment pas. Morfonds-toi, tu as raison. Tu es atroce. Tu me donnes envie de vomir. Personne n’ose parler de toi tellement tu es infecte. Comment as-tu pu faire ça ? Tu as si peu de cœur ? Mon dieu que tu es laide. Tu es laide et tu te crois belle ? Tu es morte de l’intérieur, et bientôt ce qui reste de ton être moisira dans un cadavre qui révèlera toute ta laideur. Tu es un parasite, à t’accrocher à des braves gens, et à leur aspirer tout ce qu’ils ont, pour finir par les tuer. Savais-tu que la prochaine étape était ta mort ? Tu le mérites, je peux le hurler, le confirmer, et même te tuer tout de suite, et tellement tu le mérites, ce ne sera en aucun cas un péché. Tu devrais vomir de ta propre atrocité, tu devrais presque en rire. Comment as-tu pu détruire le seul être qui voulait bien de toi ? C’est trop tard, ça n’arrivera plus. J’en fais le serment, et même devant Dieu, si toutefois ce dernier existe. Je vais le venger, parce que tu te crois pure, tu crois que tu as bien fait. Tu crois être qu’une simple humaine parmi tant d’autres, mais non, tu es un monstre, le diable en personne, et heureusement que j’ai été là pour le remarquer à temps. Combien d’autres vies aurais-tu emportées avec toi ? Réponds, réponds et observe bien comme tu es atroce. Regarde toi ! Tu vois tes yeux ? Ils sont vides, on ne peut même pas y voir le néant. Ton âme est partie depuis bien longtemps ; ou alors tu n’en as jamais eue. Oui, voilà, c’est ça. Tu n’en as jamais eue, tu n’as jamais été digne d’exister. Tu étais en quelque sorte condamnée. Sois heureuse, ce n’est donc pas de ta faute.

C’est pourquoi cette théorie ne me plait pas. Pour moi tu es coupable. Vraiment coupable. Plus que n’importe qui dans ce monde. Certes les hommes sont corrompus, violents, égoïstes et hypocrites, mais ce n’est rien comparé à toi. Tu n’es même pas descriptible. Les hommes préfèrent oublier que tu existes plutôt que de devenir fou en reconnaissant ton existence. C’est pourquoi tout le monde pleurera de joie à ta mort, tu verras. Ahah, non, pardon, tu ne pourras pas. Que c’est dommage. Je ne pense pas qu’en enfer, dans le néant, ou quelque soit l’endroit terrible que tu rejoindras on te laisse regarder les hommes. Rien qu’en observant, tu répands de mauvaises ondes, tu craches ton venin, tu nous tues, salaud, n’as-tu pas honte de ce que tu fais ? Rien qu’en existant, tu condamnes le monde à mourir. C’est pourquoi il faut que tu meures, et tu le sais. Je vais m’en charger, parce que moi seul serait à la hauteur, à la hauteur pour voir tant de cruauté souffrir.

Il paraît que c’est atroce. Il semblerait que ce soit insoutenable. On m’a dit que voir le diable mourir est le pire des châtiments, et que je resterais marquée à vie. On m’a dit que je deviendrais folle, et que je finirais par me tuer. Te rends-tu compte du sacrifice que je vais faire, pour réparer tes immondices ? Vois-tu la différence entre nous deux ? Moi j’irais au paradis, je deviendrais une héroïne. Et toi ? Toi, tu moisiras nulle part, parce qu’il n’y a pas de vie après la mort pour les gens comme toi. Non, il n’y a rien, et tu iras dans ce rien. Ce sera ta punition. Crois-moi, tu seras conscient. Et tu vas passer ta vie à regretter, du moins c’est ce que j’essaye de me dire, afin de continuer à croire que tu as une âme.

Ma pauvre. Comme je te plains. Comme tu es dans un piteux état ! Ma pauvre, que tu es ridicule ! Tu croyais vraiment tout ça ? Tu croyais vraiment ? Non, vraiment, tout le monde s’en fout. Seuls toi et moi nous en soucions. Tu vas mourir sans que personne ne le sache. Ah, que tu es ridicule ! Tu y croyais vraiment ? Même si tu survivrais, tout le monde s’en foutrait, tu sais. Tu n’es rien. Pourquoi t’entêtes-tu à croire le contraire ? Qu’est-ce que tu es influençable ! Je pourrais en mourir de rire. Tu es si triste à voir, ma pauvre. Je vais te tuer, et jamais personne ne se souviendra de ton nom. Ah, vraiment, tu y croyais ? Je te l’ai dit, les illusions ne sont que des illusions, les rêves que des rêves. Il en a toujours été ainsi, et ça ne va pas changer pour toi, crois-moi. Tu es pitoyable, je devrais rire de toi. Tu n’es ni sainte ni atroce, tu n’es rien du tout. Tu ne sers à rien, et tu ne serviras jamais à rien. Le seul qui se souciait de toi est mort, de tes propres mains en plus, alors personne ne m’en voudra si je t’oblige à partir. Les gens comme toi, qui ne servent à rien, qui servent bien moins que les vers de terre, qui polluent bêtement et prennent de la place pour rien, doivent disparaître au plus vite. C’est le mieux pour tout le monde. Toute existence a un but, sauf la tienne. Vraiment, penses-tu manquer à quelqu’un ? Non, à personne. Considère mon acte comme une délivrance. Je t’aide, en quelque sorte. C’est trois fois rien, et se sera bientôt fini. Tu me remercieras un jour. Ah non, j’oubliais : tu ne pourras pas ! Je ris de toi, parce que tu ne réalises pas comme j’ai raison. Pauvre folle ! Ne t’inquiète pas, je ne te ferais pas trop souffrir, juste autant que tu la fais souffrir. Hurle à l’avance, je n’aie pas envie que tu me déconcentres. Quoiqu’à mon avis, te tuer ne sera pas bien dur. On m’a dit qu’il n’y avait rien de plus facile que de tuer quelqu’un d’insignifiant, de mettre fin à l’existence d’un non-être. Tout va bien tu sais. C’est vraiment rien du tout. Ce sera fini dans longtemps, le temps que tu comprennes. Mais ça ira. Tu dois le faire, je dois le faire. Nous devons le faire, tu sais que j’ai raison. Vas-y.

Allez, prouve au moins que ça, tu peux le faire. Fais au moins quelque chose de bien dans ta vie. Prends ce couteau. C’est bien. Ne tremble pas ! Tu es bête, que tu es bête ! Arrête de pleurer, tu sais que personne ne te regrettera, alors pourquoi tu pleures ? Tu as fait une telle bêtise ! Comment veux-tu t'en sortir autrement ? Quoi ? La prison ? Pauvre folle ! Tu crois que la prison est meilleure que la mort ? Tu es si bête, si naïve ! Tu dois mourir, pour l’équilibre de ce monde. Tu vas mourir, et de nouveaux êtres vont naître pour te remplacer. Ne crois pas que tu manqueras. Ne crois pas que la prison soit meilleure. Tu deviendras folle, encore plus inutile, encore moins utile. Tu utiliseras une prison pour rien. Peut-être même seras-tu condamnée à mort, qui sait ? Comment préfères-tu mourir ? Vieille et folle, toujours aussi idiote, sur une chaise électrique, ou de mes mains ? Laisse faire une amie, voyons. Rassemble ce qui te reste de raison. Ne sois pas bête jusqu’au bout. Nous étions d’accord.

Donne-le moi maintenant, ce couteau. Allez. Donne-le-moi.Cesse de trembler, et n’obliges pas à répéter ce que je viens de t'expliquer. C’est bien. Maintenant on va y aller. Ça ne fera pas mal si tu le crois. Mais souviens toi que les illusions restent des illusions. Allez, c’est parti. Et ne ferme pas les yeux ! Tu es si peu courageuse, j’ai honte de toi ! Tu ne changeras jamais, vraiment ! Et c’est pour ça que je te tue. Ouvre les yeux, je veux que tu te regardes dans le miroir pendant que tu te suicides.