Spleen

A propos >> Nouvelle spontanée, une de plus. Elle vient de l'époque où j'écrivais sans me poser de question, juste pour cracher les mots de colère qui bouillaient en moi.

Tout autour de moi me hurle ton amour. Mon téléphone déborde de “je t’aime”. Ma boîte mail m’a répété combien tu me trouvais belle. Tes lèvres m’ont fait comprendre que, même là, je sous-estimais encore ton amour. Ce collier, ce collier qui a dû coûter si cher, tu ne me l’aurais pas acheté si tu ne m’aimais pas. Tu m’aimes. Je le sais, je le vois, je le sens, si fort, au fond de moi. C’est une force, c’est quelque chose dont je suis sûre, quelque chose qui ne me ment pas, qui me permet de garder les pieds sur terre. Ma télévision te dira bien combien de fois tu m’as empêché de finir le film, le soir. L’historique de mon Internet ne te redirigera que vers ton site. Et ton site, lui, n’est qu’une nouvelle preuve. Partout, et même quand ce n’était ni demandé ni nécessaire, tu as écrit mon nom. Parfois même, tu écrivais un poème. Comment aurais-tu pu faire ça sans m’aimer ? Comment arrives-tu à en douter ?

Est-ce moi qui t’ai contaminé ? Est-ce qu’à force de dire que tu ne m’aimais pas, tu l’as cru ? Je ne peux pas accepter cette excuse. Il t’en a fallu du temps pour me convaincre, ça c’est sûr. Et maintenant, j’en suis tellement certaine que tu ne peux pas te permettre de ne plus y croire. Ça fait trop longtemps que tu m’aimes, maintenant c’est comme un trait de ton caractère, de m’aimer, tu sais. Tu te rappelles ? Tu te rappelles comment tu t’enflammais quand tu me voyais ? Tu aurais pu bouger des montagnes, tu auras pu danser sous la pluie. Tu aurais pu faire n’importe quoi pour m’en convaincre. Et moi je riais, je ne voulais pas te croire. Il faut dire que tu n’avais jamais été très sérieux. Je pensais que tu voulais faire comme avec toutes les autres : me prendre, m’utiliser, me jeter, piétiner ma fierté, t’en aller. Mais j’avais tort, tu vois ? Tu m’as aimé comme tu m’aimeras toujours, je l’ai compris ! Tes yeux me l’ont appris, m’ont fait jurer que plus jamais je n’en douterais. Tu vois, tu étais triste quand je n’y croyais pas. Tu étais triste parce que c’était comme si je n’avais pas confiance en toi. Maintenant je l’ai, tu vois ? Je crois en ton amour pour moi, je suis sûre qu’il te fait vivre, qu’il me rend plus belle, plus forte. À chaque fois que tu te dis que tu es amoureux, ton coeur s’emballe un peu plus. Comme si l’idée de l’amour te faisait aimer plus encore. J’ai pas oublié tu vois ? Je n’aurais pas pu, de toute façon. C’aurait été impoli d’effacer ces années d’effort, où tu m’as séduite, vis-à-vis de toi. Je ne peux pas oublier, comment tu es parvenue à ton but. Ça a été dur, et plus ça l’était plus tu m’aimais.

Et maintenant, maintenant tu fais marche arrière ? Est-ce que tu ne voulais que me séduire ? Etre avec moi t’a-t-il enlevé ton amour ? Je ne veux pas y croire, tu m’aimes. Tu m’aimes, il ne peut pas en être autrement. Tu m’aimes, et maintenant, tu vois, je t’aime. Alors tu as ce que tu voulais, tu es heureux, tu vois. Je t’aime, tu ne peux pas ne pas m’aimer. Tu ne peux pas me faire ça. Tu m’aimes trop pour me blesser, tu comprends ? Tu t’emballes c’est tout. Tu veux me faire peur, et tu vois, j’ai peur, parce que oui, maintenant, je t’aime, parce que je sais que tu m’aimes. C’est tellement fort, en moi, comme sensation. J’entends mon coeur battre sur cette seule affirmation : “je t’aime”. Tu me l’as dit tant de fois, rappelle-toi ! Comment peux-tu croire qu’un seul “je ne t’aime plus” puisse effacer tout ça ? Tu crois que j’ai oublié ? Non, tu m’aimes, tu m’aimes, ce n’est juste pas possible autrement. Demande aux voisins, demande à nos amis, je t’en supplie ! Ils te le diront comme je te le dis, on s’aime, les gens nous envient, on est si heureux, tu vois… Ce n’est pas possible autrement, tu m’aimes, c’est tout, c’est comme ça, tu n’y peux rien, et moi non plus. Pourquoi ? Pourquoi faire cette mauvaise blague ? Es-tu si cruel, toi qui m’aimes tant ? L’amour que tu me portes ne peut pas se ternir, je le refuse, c’est impossible. Si tu ne m’aimais plus, ce monde ne tournerait plus rond, tout irait de travers. Ce sont les bases de l’univers, ton amour pour moi. Veux-tu tout briser, tout casser ? Pourquoi ce silence ? Ce “je ne t’aime plus” puis ce silence ? Tu es un menteur, et tu mens mal. Je le lis dans tes yeux, parce que je ne peux rien lire d’autre. Tu m’aimes. C’est comme ça. Pourquoi veux-tu me faire pleurer ? Pourquoi veux-tu me faire douter ? Je n’ai pas de doute, tu sais. C’est juste comme ça. Le vent me chuchote à l’oreille des mots doux que tu as écrits pour moi. Le soleil ne brille que parce que tu lui as demandé de m’embellir un peu plus. Oh, non, tu ne peux pas oublier ces années ensemble. Tu ne peux pas. On s’est tant aimés, on a tant goûté à toutes les formes d’amour. On a fait les plus belles expériences, toujours plus enrichissantes. On était le couple que tout le monde enviait. Et il faut le rester, tu vois. Parce que si je ne suis plus avec toi, je meurs. Et toi, sans moi, qu’es-tu ? Je t’apporte tant. Je ne voulais pas le croire, mais j’y crois maintenant. Tu vois, j’y crois, aussi fort que mes larmes tombent ! J’y crois, alors crois-en moi ! Crois en notre amour ! Je ne peux pas vivre sans toi.