Coma

A propos >> Ah, ce texte. J'ai une certaine nostalgie en le lisant, car il a été le début de toutes mes petites folies dépressives posées sur le papier. Jusqu'à cette nouvelle, je n'avais écrit que des mauvaises parodies de Harry Potter, ou des histoires d'amour mièvres et sans saveur. C'est pour moi le début de quelque chose, quand je lis cette nouvelle. Certes, elle est maladroite. Mais c'est celle qui m'a permis de continuer sur ma lancée.
Pour la petite histoire, je l'ai écrite pour faire une chaîne de blog. On devait écrire un texte avec des mots imposés, que j'ai parfois très mal intégré au texte.

Tout devient flou autour de moi. Je ne suis plus ici, dans ma chambre, à écouter une musique encore plus désespérante et désespérée que je le suis. Maintenant, je suis nulle part. Le son des voitures et des passants, qui vagabondent comme si aujourd'hui était un jour ordinaire, pas plus beau, pas plus laid que les autres, n'est devenu que des cliquetis inaudibles. Seuls ces petits bruits me rattachent à la réalité et m'empêchent de sombrer je ne sais où. Mieux valait être dans le néant que dans cette chambre. Cette chambre qui me dégoûte, avec ses posters d'inconnus qui s'introduisent chez moi, avec leurs faux sourires. Ces murs blancs, trop blancs, de cette couleur tellement impersonnelle, tellement sans vie, tellement sage. J'ai envie de les salir, de les faire refléter la laideur du monde tel que je le vois. J'ai envie de hurler ce que je ressens, et pourtant je suis aussi sage que ces murs qui m'enferment. Je reste muette, parce que parfois il vaut mieux se taire. Parfois aussi, il vaut mieux claquer des portes, et là, j'en ai envie de claquer des portes. Des centaines de milliers - ce ne sera jamais assez. Parfois on a juste envie de pleurer, de les laisser couler, de sentir leur goût salé qui nous semble acide. Mais trop souvent les larmes restent bloquées en nous, et semblent hurler le désespoir comme des millions d'âmes perdues. Chacune fait un peu plus mal encore, chacune vous rappelle que ce n'est pas un mauvais rêve et qu'il n'y a pas d'échappatoire. Elles sont là pour vous dire que demain vous irez aussi mal, mais que le monde s'en moquera bien et qu'il faudra retourner travailler. Toujours la même routine. On la déteste avant de se rendre compte qu'un simple écart dans cet emploi du temps prévu à l'avance pour des siècles vous rend vulnérable. Pourquoi les lendemains existent-ils ? Pour vous rappeler que le monde continue à tourner, et que vous êtes bien peu de chose. Pour vous rappeler que pour le moment, vous devez faire comme tout le monde et oublier. C'est pour ça que la nuit existe. Pour soigner vos maux, pour vous faire pleurer, pour pouvoir continuer à rire demain, et pour qu'il y ait encore des lendemains. Pour que l'emploi du temps continue longtemps. Mes nuits ont pourtant un goût acide, comme si je mangeais un bol de citron pour le petit-déjeuner. J'ai beau chercher de l'aide, j'ai beau essayer d'apercevoir la lune, elle me semble hors de portée là où je suis. J'aimerais encore sentir son souffle quand elle me parlait, mais maintenant il est trop tard. Il est toujours trop tard, quand on s'en aperçoit. Quand on y songe, c'est déjà trop loin, c'est déjà du passé, et tu es contrainte d'oublier. Ça n'ira pas mieux après, la blessure sera toujours là, et te remémorer son visage te rouvrira un peu plus la plaie avec un tournevis. Il est aisé de le remuer ce tournevis, mais de l'enveler, c'est une autre affaire. Tu peux sombrer dans la folie, et faire des choses tragiques. Tu vivras heureux, mais aveuglé. Ou alors tu sauras toute la vérité, tu seras lucide et ta folie ne sera qu'un perpétuel cri de désespoir. Tu peux oublier, à l'aide d'un vulgaire pansement appelé "l'autre". La remplaçante. Malgré sa gentillesse, sa compréhension, ses qualités, malgré tout ça, tu ne peux t'empêcher de regretter. Jamais plus ce ne sera pareil. Tu es trop blessé, tu as perdu trop de sang, et il était enfantin de croire que seul un peu d'eau te sauverait. Tu peux arrêter d'essayer d'oublier. Tu peux arrêter de te noyer dans la vodka, arrêter de marcher sous la pluie, arrêter de ne plus vivre, en arrêtant vraiment de vivre. Ou alors, tu peux te perdre dans le nulle part, au milieu du néant, entre le rien du tout et le plus rien. Là tu ne verras personne, tu seras seul, tu pourras réfléchir, regretter à jamais, te harceler avec des pourquoi et des comment, tu pourras mourir de l'intérieur et faire de ton âme une âme seule et perdue. J'en suis là. Seule, à chercher des autres personnes qui porteraient autour du cou une pancarte "regrets éternels" ou bien "trop tard", qui peut-être nous ferait nous réveiller dans un immense sursaut. Alors tu revivrais dans le monde que nous appelons "réel", mais plus jamais tu ne le verrais avec les mêmes yeux. Les oiseaux te sembleront agressifs et ressembleront davantage à des chauves-souris. Ils ne seront que le reflet du monde qui t'a tant fait souffrir, mais qui pourtant ne se doute de rien. Pourquoi personne ne semble comprendre ? Pourquoi la Terre nous donne tant, et pourquoi ne lui donnons-t-elle si peu ? Pourquoi sommes-nous si égoïste ? Comment les hommes font-ils pour ne pas pleurer quand il regarde le ciel ?Il est toujours présent celui-là, parfois il pète les plombs, mais il nous pardonne toujours. Il pardonne la bêtise dont nous faisons preuve et il nous renvoie l'éclat du soleil. Lui que nous maltraitons, à qui nous ne pensons même pas, nous permet de vivre, nous donne sans rien attendre en retour. Et pourtant, de là où je suis, il m'est bien difficile de penser au ciel, à cette chose aussi absurde que l'atmosphère, l'univers, et tous ses composants chimiques. Je ne suis que trop coincée dans mon chagrin qui me semble éternel -et pourtant un jour il devra bien s'arrêter, même si c'est par le biais de la mort. De là où je suis, il m'est impossible de voir quoique ce soit, et mes souvenirs déforment sûrement la réalité. Je vois le ciel comme quelque chose d'agressif, un véritable cerveau cruel. Ses nuages, d'abord : eux qui semblent si innocents, ceux en qui nous voyons des choses attachantes, servent d'appât. Le ciel alors si bleu tourne au gris, puis au noir -rien ne va plus. Les éclairs, transformés en lassauts, nous attrapent, nous retiennent prisonniers. Le tonnerre couvre vos cris, personne ne vous entendra jamais. La pluie tombe sur vous, et au contact de votre peau devient de l'acide. Vous fondez, vous fondez et alors que vous croyez que c'est la fin, votre calvaire n'est pas fini. Les grêlons arrivent et vous battent à mort -trop peu toutefois pour que vous succombiez. Le soleil et la lune rient de vous, de votre stupidité. Ils vous disent que vous auriez du y penser avant. Que c'est trop tard. La neige tombe, et emprisonne ce qu'il reste de votre âme dans ses flocons. Vous voilà à jamais enfermé dans le néant, au milieu du nulle part, près du rien du tout et du plus rien, mais n'ayez crainte, je serais là pour vous accueillir en enfer.