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LA BIENVENUE

Bonjour. Prends une chaise. Des gâteaux. Et du lait. Mets un peu de musique. Tiens, voilà mon chat. Tu vois ici, c'est chez moi. Il fait un peu froid, le toit a des fuites, mais c'est chez moi, allez, je te fais la visite. Qui sait, tu pourrais finir par aimer l'endroit.

Je parle par ta bouche et je ferme la mienne

Il y a un an je passais mon bac, ça me semble incroyablement loin, quand j’entends les terminales parler philosophie dans le métro, quand mon cousin me pose des questions par sms, c’est une autre vie, un autre temps, une autre personne.

A cette époque, je terminais péniblement mon second film, le plus important. J’étais aussi folle que le personnage que j’avais écrit, je parlais à travers sa bouche et fermais la mienne quand on se moquait de ma Clémentine, je me fantasmais une vie par procuration, même sa vie était mieux que la mienne, au moins était-elle belle, au moins avait-elle des amis, au moins était-elle persuadée d’être aimable et aimée.

Ce film, je l’ai fini, presque dans le sang et la sueur, en devenant complètement mon personnage, en m’isolant moi aussi dans mon délire, le délire de réussir à faire quelque chose qui en vaille la peine, le délire de finir un film entier seule, le délire de justifier d’avoir perdu à peu près tout, mes semblants d’amis, mes semblants d’activités.

Je l’ai fini et quand il a été fini, comme pour toutes les histoires que j’ai jamais écrit, il m’a semblé creux, vain, faux ; je me suis désespérée comme toujours d’avoir mis trop de moi dans le processus créatif, j’ai été honteuse le jour où il a été projeté d’en dire tant sur moi, et de dire le pire, toujours le pire.

Je l’ai fini avec une promesse de ne plus jamais y revenir, de laisser le cinéma derrière moi. J’avais été déçue encore une fois, alors j’ai abandonné, tu voulais que je fasse quoi ? Je fonctionne comme ça : excellence ou rien, avance avant que les autres se moquent. Je me demande encore pourquoi, suivant cette logique, j’ai encore la force et le goût à écrire des histoires, je proclame encore qu’un jour je publierais un livre. J’aurais bien aimé réaliser un film, tu vois, mais j’ai décidé, ce n’est pas pour moi.

C’est un film lointain. J’y ai passé un an dedans. Aujourd’hui je vais bien, je respire. Je me rends compte que je n’ai pas fait si mal, que je n’étais pas une victime et que je valais mieux. Je sais maintenant que j’étais mal entourée, non pas que ces personnes étaient méchantes, peu talentueuses ou obsolètes, juste que nous n’étions pas connectées. Un jour, Rukya m’a dit que quand elle avait rencontré Basil et Lieutenant, après seulement quelques semaines c’était comme si elles s’étaient toujours connues. Je connais maintenant ça : j’ai rencontré des gens extraordinaires depuis que ce film est achevé, je ne pourrais probablement plus jamais vivre sans eux, je ne m’imagine dans le monde adulte qu’avec eux à mes côtés, je les connais depuis peu et depuis si longtemps maintenant.

Depuis ce film, depuis Exposure, j’ai avancé sans regarder derrière, je me suis trouvée saine, je me suis trouvée belle, j’ai trouvé ma voie, je suis heureuse, heureuse, je suis loin de cet enfermement, de ce tournage étouffant où personne ne décidait rien mais où tout le monde imposait, je suis loin de ces 22m2 pour 7, de ces 12m2 pour 6, je suis tellement plus loin que maintenant je peux enfin regarder la scène entière, je peux regarder ce personnage autrement que comme un miroir, et je suis libre, libre d’être enfin ce que je veux.


Bonne chance à ceux qui passent leur BAC cette semaine. Bisous bisous.

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Please don’t change a thing

Tu sais j’ai peur, j’ai souvent peur de donner tout ce que j’ai, d’être totalement honnête, de créer quelque chose qui ait du sens, qui ait mon point de vue sur les choses, qui porte mes sentiments, mes peurs, putain oui, cette peur qui me bouffe en partant du ventre, cette peur qui m’empêcher d’aller au bout des choses et qui est à la base de tout, je ne peux pas te l’expliquer, je ne peux pas te la dire, c’est comme ça, et c’est ça, c’est ça qui fait que je ne suis personne, que je ne serais personne d’intéressant, tant qu’elle sera là, dans mon ventre, pas ailleurs, juste là à me ronger l’intestin, mais comment veux-tu que je te dise, comment le pourrais-je, tu ne veux pas, tu ne veux pas savoir, tu le veux aussi peux que j’ai envie de te dire, que si j’étais sincère les images et les mots que je produirais seraient pourrissants, ils te colleraient un mal être que tu ne comprendrais peut-être pas, et finalement, finalement c’est tellement plus simple de rester comme ça, à faire du joli sans sens, à chercher ailleurs, à faire croire que j’aimerais être comme tout le monde, que je pense aussi que cette peur existentielle n’est pas à la base de mon être, qu’elle n’est pas ce qui me définit intégralement, alors tu vois, je te fais croire que j’aime bien ça, prendre des photos de ma tête où je serais à mon avantage, où  je serais faussement jolie, où au mieux je serais ordinaire, où je serais quelqu’un d’autre, où je serais carrément absente, parce que tu vois, finalement je ne veux pas assumer le visage que j’ai ce soir, bouffi, édenté, ruisselant, ce serait intéressant pourtant, de prendre une photo, d’être laide aux yeux de tous, comme je suis laide tous les jours, peut-être que ce serait de l’art, peut-être pas, mais tu vois, ce serait moi, mais je préfère encore fermer la bouche, sourire sans que ça se voit comme tu m’as appris, prétendre que je cherche le bonheur alors qu’au mieux je ne cherche qu’un malheur masochiste, et oui je vais mieux mais tu vois j’avais l’impression d’en avoir dans le cerveau quand j’étais enfermée dans ma matrice, ma paranoïa avait enfin du sens, alors que là, tout est creux, tout est vide, comme cet espace entre mes dents de devant, alors j’écris, j’écris parce qu’il n’y a plus que ça qui me fasse envie, il n’y a plus que ça d’authentique, tu vois, tu lis, c’est moi, c’est moi ça, ça ne veut pas dire grand chose mais au moins c’est un portrait fidèle, et j’écris pour combler ce vide, enlever tous les espaces, tout remplir pour ne plus laisser de place à la peur, et finalement tant qu’à enlever les points, enlevons les virgules puisque que plus rien ne fait de sens et après tout supprimons tout ça les mots les lettres les espaceslaissonsçaainsipourlerestedemavieetnerelisonspaspourluilaissercecôtéspontanéquimanqueàtoutesleschosesquejefais

toujours

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what makes you so proud?

Tu viens d’avoir dix-huit. C’est le début de la vie et tu es déjà si fatiguée. C’est une fatigue qui vient à un moment de la nuit. Toujours une seule et même image qui t’agresse. Elle a un goût d’angoisse. Tu sais qu’elle vient de la tête mais tu ne peux pas l’empêcher de descendre le long de la colonne, de toucher le cœur, d’attaquer les reins, de broyer les mollets. Elle pèse à chacun de tes pas. Elle s’accroche et tu t’y attaches. Elle te rend un peu spéciale. Elle t’appartient et tu la gardes comme un précieux secret.

C’est une fatigue qui se lit sur ton visage. Dans le miroir tu ne vois pas tes traits. Tu n’as pas de visage. Tu n’es jamais tout à fait ce que tu t’attendais à voir, tu es toujours un peu trop. Trop quelconque. Trop laide. Une seule constante : tu es toujours absente. Tu l’acceptes. Tu prends chaque jour des photos où tu n’es plus là. Grâce au regard de la machine tu appelles l’absence par ton nom. Et tu laisses dans ton sillage un peu plus de morceaux de ce que tu ne seras jamais. De tes phantasmes de gamine. De tes rêves d’idiote. Tu apprends à la dure à marcher sur un sol tangible. Ce n’est pas si grave. Ton reflet n’a pas de visage mais aujourd’hui tu es sûre qu’il sourit.

Tous les jours tu acceptes un peu plus ce corps qui t’étouffe. Il est la barrière qui t’éloigne de l’éternité. Il t’empêche de prendre les dimensions de l’univers. Tu es claustrophobe rien que d’y penser. Tu étouffes et suffoque. Tu n’es rien d’autre qu’un corps. Et ce corps absent finira dans une boîte. Et tu n’as plus que lui sur qui compter. Juste un corps. De là viennent et la fatigue et la mélancolie. De là la force de faire un pas de plus.

Tu en cherches chez les autres. Ta mélancolie n’est plus suffisante, tu dois te saisir de celle des autres, t’appuyer dessus, l’aduler. La musique qui vient du ciel. Les films qui sortent des viscères. Les textes de cerveaux malades. Les peintures des nerfs. Tu t’en nourris et tu copies. A ta façon tu reproduis.

Avec tes mains tu tentes de créer du sens. De transformer. De rendre tien. Le cerveau empoissonne toute ta spontanéité mais tu ne t’avoues pas vaincue. Chaque jour tu sors ta tête de l’eau, tu te dessines des contours, des lignes, un corps, ton corps, ta vie.

Dans la clarté éblouissante du nouveau jour qui se lève tu tentes de voir un peu d’espoir.

(pas bien sûre que tout ça soit approprié ou même intéressant pour mon prof de sciences humaines.)

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Le plus lâche

A temps

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finalement, tu vois bien que tu n’as pas sauté.

Il y a maintenant presque trois ans j’ai entrepris l’écriture d’une nouvelle. Si vous me suivez depuis quelques temps déjà, vous n’êtes pas sans savoir qu’elle s’appelait Le Grand Saut. Ce devait être mon grand saut à moi, la preuve que je pouvais boucler un projet, réaliser quelque chose d’abouti, qui me plaise et qui plaise et que j’aurais du auto-publier avec fierté. Je n’ai pas fait ce saut, et pourtant je ressens encore le choc de atterrissage, quand je me suis heurtée sur le sol.

J’ai écrit cette histoire. Mais je l’ai mal écrite : j’ai pensé à chaque mot avec la perspective de ce regard extérieur qui se poserait dessus ; j’ai réfléchi chaque détail de l’histoire dans le soucis qu’il soit compréhensible au plus grand nombre ; j’ai lissé, poli, aplani, rendu neutre, sans saveur, sans mystère, sans plus d’histoire même. Alors que je cherchais au départ la subtilité je me suis abaissée au grand public, et pourtant, tu sais, c’est pas franchement mon truc, le grand public. Je suis élitiste, je le sais, mais ici je me suis contentée de peu. Quand j’ai écrit la dernière ligne de cette histoire, j’ai décidé de la lire en entier, dans l’ordre, à voix haute. J’ai été choquée parce que j’ai entendu, ce n’était plus ni mes personnages, ni mon histoire. C’était quelque chose qui me dérangeait, qui s’était détourné de moi mais qui en même temps en disant trop sur mes problèmes de l’époque.

Alors depuis l’été dernier, mon grand saut bien piteux moisis au fin fond de mon disque dur et d’un carnet rose ; il attend. Et moi je cherche. J’essaie de ne plus être naïve et de ne plus penser aux lecteurs, j’essaie de savoir s’il faut s’entêter ou passer à autre chose. Je suis et serais toujours attachée à mes personnages, mais si je décide de ne pas mieux les décrire dans Le Grand Saut, je pourrais toujours les rendre plus vivants dans une autre histoire.

Aujourd’hui, maintenant que ça fait un an, je me dis que je devrais au moins vous montrer le chapitre 1, l’un des seuls qui me conviennent à peu près, même si déjà, le ton n’est pas celui que j’aurais espéré. Je ne sais pas ce que j’attends de vous. Que vous le lisiez. Qu’au moins Le Grand Saut ne soit pas totalement ignoré et rejeté. Je vous souhaite une bonne lecture. Sait-on jamais, peut-être qu’un jour vous aurez la suite. (more…)

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Retrospective. »

 

12.05 Entretien com Olivier de Serres
14.05 Entretien com Renoir
21.05 Entretien photo Renoir
22.05 Entretien com Boulogne
07.06 Résultats APB
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